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Dictionnaire du Nouveau Testament

GALATIE. — Ce nom se prend en deux sens et désigné ou la Galatie proprement dite ou la province romaine de Galatie. La Galatie proprement dite était une région du centre de l’Asie mineure, où des tribus Celtes (Gauloises), venues de la Gaule, firent invasion et se fixèrent vers l’an 300 av. J.-C. En 189 de l’ére chrétienne elles furent soumises aux Romains, mais gardèrent leur gouvernement particulier. Après la mort d’Amyntas, leur dernier roi, en l’an 25, la Galatie fut réduite en province romaine. Les conquêtes de Déjotare et d’Amyntas avaient considérablement agrandi le royaume primitif et y avaient ajouté en tout ou en partie les contrées de Lycaonie, de Pisidie, d’Isaurie, de Phrygie orientale ou montagneuse. La province romaine eut à peu près la même étendue (Strabon, XII, vi, 1). Elle relevait de l’empereur et avait par conséquent à sa tête un légat propréteur qui résidait à Ancyre.

Les commentateurs de l’Epître aux Galates se sont demandé si les destinataires étaient les habitants de la Galatie proprement dite ou ceux de la province romaine. Cette dernière opinion est maintenant assez généralement adoptée. S. Paul écrirait aux chrétientés d’Antioche de Pisidie, d’Iconium, de Lystres, de Derbé, villes de Lycaonie et de Phrygie comprises dans la province romaine de Galatie, et qu’il évangélisa à son premier voyage apostolique (Act. xiii-xiv). En effet la Galatie dont il est question dans son Epître est un pays où il séjourna longtemps, qu’il avait parcouru deux fois avant d’écrire sa lettre (Gal. iv, 13). L’évangélisation des provinces méridionales de la Galatie romaine dura trois ans environ, 46-48, d’abord au milieu de nombreuses persécutions et souffrances, per infirmitatem carnis (Gal. iv, 13), et ensuite avec plus de facilités à son retour, où il confirme ces chrétiens dans la foi (Act. xiv, 20-21). De plus les Eglises doivent être d’un accès facile et prompt, pour les prédicateurs venant d’Antioche de Syrie. Ces conditions se vérifient difficilement pour la Galatie proprement dite, à laquelle beaucoup de commentateurs appliquent l’expression de S. Luc, Galatica regio (Act. xvi, 6 ; xviii, 23). Du reste la marche naturelle de l’Apôtre à sa seconde et à sa troisième mission, le sens précis du verbe διῆλθον, traverser de part en part, (Act. xvi, 6) s’opposent à une pointe poussée jusqu’à Ancyre dans la Galatie proprement dite. La Galatica regio de S. Luc ne désigne pas autre chose que les contrées méridionales ajoutées à la Galatie primitive pour former la province romaine. Enfin s’il s’agissait de la Galatie proprement dite, dans l’hypothèse où il l’aurait visitée à sa seconde et à sa troisième mission, la lettre de S. Paul aurait été écrite après le Concile de Jérusalem : on ne peut alors s’expliquer pourquoi l’Apôtre ne fait nulle mention des décisions de ce Concile qui étaient un argument péremptoire pour convaincre les Galates ébranlés par les prétentions des judaïsants. Qu’il s’agisse au contraire de la Galatie romaine, cette difficulté disparaît, puisque la lettre de S. Paul a été écrite avant le Concile. Il est plus facile aussi d’expliquer l’incident d’Antioche, relaté dans l’Epître ii, 11, puisqu’il précède également le Concile ; et il n’est plus nécessaire de chercher avec beaucoup de subtilité à accorder la Conférence dont parle le ch. n de l’Epître avec le récit du Concile de Jérusalem par S. Luc (Act. xv), puisque ce sont deux faits différents, la conférence du second voyage de S. Paul à Jérusalem correspondant à Act. xi, 29-30 et xii, 25,

GALILÉE : voy. Palestine.

GÉHENNE. — C’était primitivement le nom d’une gracieuse vallée au sud-est de Jérusalem, appelée Ghê Hinnom, Val de Hinnom (Jos. xv, 8), où, à partir du temps de Salomon, les Israélites immolèrent des enfants à Moloch. Mais, après le retour de la captivité, revenus à de meilleurs sentiments, ils eurent tellement en abomination le lieu qui avait été le théâtre de ce culte impie et barbare, qu’ils en firent une voirie, et y jetèrent les cadavres et les immondices. Comme il fallait, pour consumer tout cela, y entretenir un feu perpétuel, la vallée fut nommée Géhenne du feu ou ardente ; de là naquit une autre acception de ce mot en usage au temps de N.-S. : véritable image de l’enfer, la Géhenne servit à désigner lé lieu de l’éternelle damnation.

GÉNÉALOGIE DE JÉSUS-CHRIST. — En comparant la généalogie de N.-S. rapportée par S. Luc (iii, 23-38) avec celle que donne S. Matthieu (i, 1-17), on voit qu’elles diffèrent beaucoup, et, en particulier, qu’elles n’ont presque rien de commun de Jésus à David. D’où viennent ces divergences? Il y a deux manières de résoudre la difficulté.

1. Les uns pensent que nous avons da s S. Matthieu la généalogie officielle de N.-S. c.-à-d. celle de Joseph, père putatif de Jésus, et dans S. Luc la généalogie réelle, c.-à-d. celle de Marie. S’il n’est pas fait mention de Marie elle-même Luc, iii, 23, et si son époux Joseph est cité comme le fils d’Héli ou Joachim, père de cette Vierge bénie, c’est un effet de l’usage reçu parmi les Juifs et chez les autres peuples de l’Orient. D'après cet usage, les hommes qui épousaient des filles héritières, c’est le cas de Marie, étaient portés sur les tables généalogiques comme les vrais fils de leurs beaux-pères. Les partisans de cette opinion, rejetant ici la version de la Vulgate, traduisent le grec : Or Jésus avait environ trente ans lorsqu'il commença son ministère, étant (tandis qu'on le croyait fils de Joseph) fils d’Héli, fils de

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