fils de la mère de Jésus, c’est qu’ils avaient
une autre mère, dont l’Evangile fait une mention
expresse. Parmi les femmes présentes au
crucifiement, S. Matthieu (xxviii, 36) cite une
Marie, mère de Jacques et de Joseph ;
S. Marc (xv, 40) ajoute que ce Jacques, qu’il
appelle le petit ou le mineur, est différent de
Jacques, fils de Zébédée. Comme il ne paraît
en général, dans le Nouveau Testament, que
deux personnages du nom de Jacques, il faut
que le premier soit celui que S. Paul nomme
le frère du Seigneur (Gal. I, 19), celui à qui
sa position comme premier évêque de Jérusalem
donnait alors une grande autorité,
l’auteur enfin de l’épître admise dans le canon.
Ensuite S. Jude, au commencement de son
épître, se nomme le frère de ce Jacques. On
trouve donc dans le Nouveau Testament,
pour trois des frères du Seigneur, Jacques,
Joseph, Jude, une Marie qui est leur mère et
qui est différente de la mère de Jésus. Cette
Marie est sans aucun doute identique avec la
Marie nommée par S. Jean (xix, 25), la
femme de Cléophas et la sœur de la mère du
Seigneur. Cléophas, ou, suivant une autre
forme du même nom, Alphée, était par conséquent
le père de Jacques, de Joseph et de
Jude ; et en effet, Jacques est souvent nommé
le fils d’Alphée (Matth. x, 3 ; Marc, iii, 18 ;
Luc, vi, 15). Quant à Simon, il est expressément
désigné comme fils de Cléophas par
Hégésippe, le plus ancien historien de l’Eglise.
Les quatre frères de Jésus seraient donc des
cousins du Seigneur du côté de sa mère.
Ceux qui objectent que deux sœurs vivantes
n’ont pu toutes deux porter le nom de Marie,
font preuve d’une faible connaissance des
usages de l’antiquité. Pour ne prendre qu’un
exemple parmi beaucoup d’autres, Octavie
la sœur ce l’empereur Auguste, avait quatre
filles qui vécurent ensemble ; deux d’entre
elles se nommaient, sans autre surnom, Marcella,
et les deux autres Antonia. On sait
d’ailleurs que le nom de Marie était d’un
usage très fréquent en Galilée.
On peut encore, si on le préfère, — car cette opinion s’accorde également bien avec la tradition, — faire de Cléophas le frère de S. Joseph, et de Marie, sa femme, la belle-sœur (seulement) de la Sainte Vierge. Et, en effet, on a tout lieu de croire que Notre-Dame était fille unique, unique héritière. C’est cause de cette circonstance qu’elle dut prendre un époux, et le prendre dans sa parenté. Dans ce cas, les frères de Jésus (patrueles, c.-à-d. les fils du frère de son père putatif ou légal), seraient ses cousins du côté paternel.
L’opinion de quelques Pères grecs, que les frères de Jésus étaient des fils de S. Joseph, nés d’un premier mariage, ne s’appuie sur aucune preuve traditionnelle : c’est une pure conjecture, due à la difficulté qu’ils trouvaient à accorder ensemble la perpétuelle virginité de Marie et la mention des frères de Jésus. Ne connaissant pas les diverses acceptions du mot frère dans les langues sémitiques, ils crurent, semble-t-il, qu’il fallait l’entendre au moins de frères de lit différent.
Le tableau suivant met sous les yeux la véritable relation des Frères de Jésus avec le Sauveur :
I. | |||||
Héli (Luc, iii, 23). | |||||
Cléophas — Marie | La Ste Vierge Marie — Joseph | ||||
N.-S. J.-C. | |||||
Jacques, ap. — Joseph, 1er év. de Jérusalem. |
Jude. — Siméon, 2e év. de Jérusalem. |
Il paraît difficile d’identifier Alphée et Clopas comme deux transcriptions du même nom araméen. On pourrait, il est vrai, prendre le premier nom comme la transcription même du nom araméen et Clopas (Cleopas) comme le nom grec du même personnage. Cependant il semble plus juste de voir dans Alphée et Clopas deux personnages distincts. En suivant Hégésippe (Eusèbe, Hist. III, xxxii) Clopas serait le frère de Joseph ; Marie serait sa sœur et aurait épousé Alphée. On aurait la généalogie suivante :
Héli (Luc, iii, 23). | ||||||||
Clopas | Marie (femme d’Alphée) | Joseph — La Vierge-Marie | ||||||
Jude. — Siméon | Jacques. — José | N.-S J.-C. |
Voir P. Calmes, L'Évangile selon S. Jean. p. 175 ; A. Durand, Les frères du Seigneur dans le Dictionnaire apologétique de A. d’Alès, t. II, col. 131-148.