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LIVRE DE RUTH



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1. Chap. i, 1-22 : Ruth et Noémi.Famine en Juda (i, la) ; Elimélech de Bethléem se réfugie en Moab, avec ses deux fils et sa femme (i, lb, 2). Mort d’Elimélech (i, 3) et de ses deux fils (i, 4, 5). Noémi, sa femme, revient en Juda (i, 6, 7), avec Ruth sa belle-fille (i, 8-18). Retour à Bethléem (i, 19-22).


Au temps où les Juges gouvernaient, il y eut une famine dans le pays. Un homme de Bethléem de Juda s’en alla, avec sa femme et ses deux fils, séjourner dans les champs de Moab. 2Le nom de cet homme était Elimélech, le nom de sa femme était Noémi, et les noms de ses deux fils étaient Mahalon et Cheljon ; ils étaient Ephratéens, de Bethléem de Juda. Ils allèrent aux champs de Moab, et s’y établirent.

3Elimélech mari de Noémi, mourut, et elle resta seule avec ses deux fils, 4Il prirent des femmes moabites, dont l’une se nommait Orpha et l’autre se nommait Ruth, et ils demeurèrent là environ dix ans. 5Mahalon et Cheljon moururent aussi tous deux, et la femme resta privée de ses deux fils et de son mari.

6Alors, s’étant levée, elle et ses belles-filles, elle quitta les champs de Moab, car elle avait appris dans la campagne de Moab que Yahweh avait visité son peuple et lui avait donné du pain. 7Elle sortit donc du lieu où elle s’était établie, avec ses deux belles-filles et elles se mirent en route pour retourner au pays de Juda. 8Noémi dit à ses deux belles-filles : “Allez, retournez chacune dans la maison de votre mère. Que Yahweh use de bonté envers vous, comme vous l’avez fait envers ceux qui sont morts et envers moi ! 9Que Yahweh vous fasse trouver à chacune du repos dans la maison d’un époux !” Et elle les baisa. Elles élevèrent la voix et pleurèrent, 10et elles lui dirent : “Non ; nous retournerons avec toi vers ton peuple.” 11Noémi dit : “Retournez, mes filles ; pourquoi viendriez-vous avec moi ? Ai-je encore dans mon sein des fils qui puissent devenir vos maris ? 12Retournez, mes filles, allez. Je suis trop âgée pour me remarier. Et quand je dirais : J’ai de l’espérance ; quand je serais cette nuit même à un mari et que j’enfanterais des fils, 13attendriez-vous pour cela jusqu’à ce qu’ils fussent grands ? vous abstiendriez-vous pour cela de vous remarier ? Non, mes filles. Il m’est très amer à cause de vous que la main de Yahweh se soit appesantie sur moi[1].” 14Et, élevant la voix, elles pleurèrent encore. Puis Orpha baisa sa belle-mère, mais Ruth s’attacha à elle.

15Noémi dit à Ruth : “Voici que ta belle-sœur s’en est retournée vers son peuple et vers son dieu ; retourne avec ta belle-sœur.” 16Ruth répondit : “Ne me presse pas de te laisser en m’en retournant loin de toi. Où tu iras, j’irai ; où tu demeureras, je demeurerai ; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu ; 17où tu mourras, je mourrai et j’y serai ensevelie. Que Yahweh me traite dans toute sa rigueur, si autre chose que la mort me sépare de toi[2] !” 18Voyant que Ruth était décidée à l’accompagner, Noémi cessa ses instances.

19Elles s’en allèrent toutes deux, jusqu’à ce qu’elles arrivassent à Bethléem. Lorsqu’elles entrèrent dans Bethléem, toute la ville fut émue à cause d’elles, et les femmes disaient : “Est-ce là Noémi ?” 20Elle leur dit : “Ne m’appelez pas Noémi ; appelez-moi Marah, car le Tout-Puissant m’a remplie d’amertume[3]. 21Je m’en suis allée les mains pleines, et Yahweh me ramène les mains vides. Pourquoi m’appelleriez-vous Noémi, après que Yahweh a témoigné contre moi et que le Tout-Puissant m’a affligée[4] ?”

22C’est ainsi que Noémi revint et, avec elle, sa belle-fille, Ruth la Moabite, qui était arrivée des champs de Moab. Elles arrivèrent à Bethléem au commencement de la moisson des orges.

  1. Il m’est très amer, etc. D’autres : Mon affliction est plus grande que la vôtre, car la, etc.
  2. Que Yahweh me traite, etc. ; litt., qu’ainsi Yahweh me traite et qu’ainsi il ajoute : formule de serment d’un fréquent usage dans les livres des Rois.
  3. Noémi évoque l’idée de douceur ; Marah vient d’une racine qui veut dire être amer.
  4. A témoigné contre moi, m’a déclarée coupable par les malheurs dont il m’a frappée. Toute infortune passait alors pour un châtiment divin. LXX et Vulg., m’a humiliée.