Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/615

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maître de toutes choses, qui peut d’un signe renverser ceux qui viennent nous attaquer et l’univers même, que nous mettons notre confiance.” 19Il énuméra aussi devant eux les exemples antiques de la protection de Dieu ; et comment, sous Sennachérib, les cent quatre-vingt mille hommes avaient péri ; 20et comment, dans la bataille livrée aux Galates en Babylonie[1], ceux qui prenaient part à l’action étant en tout huit mille, avec quatre mille Macédoniens, et ceux-ci étant vivement pressés, les huit mille avaient détruit cent vingt mille ennemis, grâce au secours qui leur était venu du ciel, et avaient remporté un grand profit.

21Après les avoir, par ces souvenirs, remplis de confiance et disposés à mourir pour les lois et pour la patrie, il divisa[2] son armée en quatre corps. 22À la tête de chaque corps, il mit ses frères Simon, Joseph et Jonathas, leur donnant à chacun quinze cents hommes. 23En outre, il ordonna à Eléazar de faire la lecture du Livre saint ; puis, ayant donné pour mot d’ordre : Secours de Dieu ! Judas prit le commandement du premier corps et attaqua Nicanor. 24Le Tout-Puissant leur étant venu en aide, ils tuèrent plus de neuf mille ennemis, blessèrent et mutilèrent la plus grande partie des soldats de Nicanor et les mirent tous en fuite. 25Ils prirent aussi l’argent de ceux qui étaient venus pour les acheter. Ayant poursuivi assez loin les fuyards, 26ils revinrent sur leurs pas, arrêtés par le temps, car c’était la veille du sabbat ; c’est pourquoi ils ne continuèrent pas leur poursuite. 27Ayant donc ramassé les armes des ennemis et recueilli leurs dépouilles, ils célébrèrent le sabbat, bénissant mille fois et louant le Seigneur qui les avait délivrés pour ce jour, ayant résolu de leur montrer un commencement de miséricorde. 28Après le sabbat, ils distribuèrent une part du butin à ceux qui avaient souffert de la persécution, aux veuves et aux orphelins ; eux-mêmes et leurs enfants se partagèrent le reste. 29Cela fait, ils se mirent à prier tous ensemble, conjurant le Seigneur miséricordieux de se réconcilier entièrement avec ses serviteurs.

30Ils tuèrent aussi plus de vingt mille hommes des troupes qui combattaient sous les ordres de Timothée et de Bacchidès[3], et s’emparèrent vaillamment de hautes forteresses. Ils divisèrent leur immense butin, en faisant deux parts égales, l’une pour eux-mêmes, l’autre pour les persécutés, les orphelins et les veuves, ainsi que pour les vieillards. 31Ils recueillirent les armes et les déposèrent toutes avec soin en des lieux convenables, et transportèrent à Jérusalem le reste du butin. 32Ils mirent à mort Phylarque[4], qui accompagnait Timothée ; c’était un homme très pervers, qui avait fait beaucoup de mal aux Juifs. 33Pendant qu’ils fêtaient leur victoire dans leur capitale, Callisthène et quelques autres, qui avaient livré aux flammes les saintes portes du temple, s’étant réfugiés dans une petite maison, ils les y brûlèrent et leur rendirent ainsi le juste salaire de leurs profanations.

34Le triple scélérat Nicanor, qui avait fait venir les mille marchands pour leur vendre les Juifs, 35humilié, grâce au secours du Seigneur, par ceux qu’il croyait plus faibles que lui, se dépouilla de ses vêtements d’honneur et, prenant à travers champs comme un fuyard, sans escorte, il rentra seul à Antioche, au désespoir d’avoir perdu son armée. 36Et lui qui avait promis de parfaire le tribut aux Romains avec le prix des captifs de Jérusalem, il publiait maintenant que les Juifs avaient Dieu pour défenseur et qu’ainsi ils étaient invulnérables, parce qu’ils obéissaient aux lois qu’il leur avait prescrites.


3. Chap. ix, 1-29 : Mort d’Antiochus Epiphane.À Persépolis, Antiochus est informé des défaites syriennes en Judée (ix, 1-3). Sa colère, paroles de menaces contre Jérusalem, châtiments successifs (ix, 4-10) ; ses humiliations et sa prière (ix, 11-17) ; sa lettre aux Juifs, désignation de son successeur (ix, 18-27). Sa mort (ix, 28, 29).[5]

Vers ce temps-là, Antiochus était honteusement revenu des contrées de la Perse. 2Car, étant entré dans la ville nommée Persépolis, il avait tenté de piller le temple et d’opprimer la ville ; c’est pourquoi la multitude soulevée eut recours à la force des armes et il arriva qu’Antiochus, mis en fuite par les habitants

  1. 20. Bataille livrée aux Galates. Allusion probable à une attaque des hordes galates contre l’empire syrien au temps d’Antiochus III ; il y en avait eu déjà une autre sous Antiochus Soter. — À cette date l’empire syrien comprenait la Babylonie.
  2. 21. Il divisa, etc. ; ce membre de phrase manque dans la Vulg.
  3. 30. Timothée et Bacchidès, sans doute deux généraux de Lysias, au cours de la campagne pendant laquelle il voulut venger la défaite de Nicanor (voir I Mach. iv, 28-35). Bacchidès reparut dans les derniers jours de Judas (I Mach. vii ix).
  4. 32. Phylarque, quelque capitaine de l’armée de Timothée.
  5. IX, 1-29. Compar. I Mach., vi, 1-16.