Aller au contenu

Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Chap. I, 20.
Chap. II, 20.
EXODE.

sages-femmes répondirent à Pharaon : « C’est que les femmes des Hébreux ne ressemblent pas aux Égyptiennes : elles sont vigoureuses, et elles accouchent avant l’arrivée de la sage-femme. » 20Et Dieu fit du bien aux sages-femmes, et le peuple devint nombreux et extrêmement fort. 21Parce que les sages-femmes avaient craint Dieu, Dieu fit prospérer leur maison. 22Alors Pharaon donna cet ordre à tout son peuple : « Vous jetterez dans le fleuve tout fils qui naîtra et vous laisserez vivre toutes les filles. »

MOÏSE ET SA VOCATION.

1. Chap. ii, 1-10 : Naissance et éducation de Moïse.Naissance de Moïse, son exposition sur le Nil (ii, 1-4) ; il est recueilli par la fille de Pharaon (ii, 5, 6) ; son éducation (ii, 7-10).

Un homme de la maison de Lévi était allé prendre pour femme une fille de Lévi[1]. 2Cette femme devint enceinte et enfanta un fils. Voyant qu’il était beau, elle le cacha pendant trois mois[2]. 3Comme elle ne pouvait plus le tenir caché, elle prit une caisse de jonc et, l’ayant enduite de bitume et de poix, elle y mit l’enfant et le déposa parmi les roseaux, sur le bord du fleuve. 4La sœur de l’enfant se tenait à quelque distance pour savoir ce qui lui arriverait.

5La fille de Pharaon descendit au fleuve pour se baigner, et ses compagnes se promenaient le long du fleuve. Ayant aperçu la caisse au milieu des roseaux, elle envoya sa servante pour la prendre. 6Elle l’ouvrit et vit l’enfant : c’était un petit garçon qui pleurait ; elle en eut pitié, et elle dit : « C’est un enfant des Hébreux. » 7Alors la sœur de l’enfant dit à la fille de Pharaon : « Veux-tu que j’aille te chercher une nourrice parmi les femmes des Hébreux pour allaiter cet enfant ? » 8— « Va » lui dit la fille de Pharaon ; et la jeune fille alla chercher la mère de l’enfant. 9La fille de Pharaon lui dit : « Emporte cet enfant et allaite-le-moi ; je te donnerai ton salaire. » La femme prit l’enfant et l’allaita. 10Quand il eut grandi, elle l’amena à la fille de Pharaon, et il fut pour elle comme un fils. Elle lui donna le nom de Moïse,[3] « car, dit-elle, je l’ai tiré des eaux. »

2. Chap. ii, 11-25 : Au pays de Madian.Moïse venge un Hébreu frappé par un Égyptien (ii, 11, 12), puis, craignant le châtiment, s’enfuit au pays de Madian (ii, 13-15) ; il épouse la fille du prêtre du pays (ii, 16-22). Misère des Hébreux (ii, 23-25).

11En ce temps-là, Moïse, devenu grand, sortit vers ses frères, et il fut témoin de leurs pénibles travaux ; il vit un Égyptien qui frappait un Hébreu d’entre ses frères. 12Ayant tourné les yeux de côté et d’autre, et voyant qu’il n’y avait personne, il tua l’Égyptien et le cacha dans le sable. 13Il sortit encore le jour suivant, et voici, deux Hébreux se querellaient. Il dit au coupable : « Pourquoi frappes-tu ton camarade ? » 14Et cet homme répondit : « Qui t’a établi chef et juge sur nous ? Est-ce que tu veux me tuer, comme tu as tué l’Égyptien ? » Moïse fut effrayé, et il dit : « Certainement la chose est connue. » 15Pharaon, ayant appris ce qui s’était passé, cherchait à faire mourir Moïse ; mais Moïse s’enfuit de devant Pharaon ; il se retira dans le pays de Madian, et il s’assit près du puits[4].

16Le prêtre de Madian avait sept filles. Elles vinrent puiser de l’eau, et elles remplirent les auges pour abreuver le troupeau de leur père. 17Les bergers, étant arrivés, les chassèrent ; alors Moïse se leva, prit leur défense et fit boire leur troupeau. 18Quand elles furent de retour auprès de Raguel, leur père, il dit : « Pourquoi revenez-vous sitôt aujourd’hui ? » 19Elles répondirent : « Un Égyptien nous a délivrées de la main des bergers, et même il a puisé pour nous de l’eau et il a fait boire le troupeau. » 20Il dit à ses filles : « Où est-il ? Pourquoi avez-vous laissé cet homme ? Rappelez-le, pour qu’il prenne quelque nourriture. » 21Moïse consentit à demeurer chez cet homme, qui lui donna pour femme Séphora,

  1. II, i. Un homme, Amram (vi, 20), avait pris, avant le décret de proscription des enfants mâles, une fille de Lévi, appelée Jochabed (Nombr. xxvi, 59).
  2. 2. Act. vii, 20 ; Hébr. xi, 23.
  3. 10. Moïse, hébr. Moshé ; LXX, Móüsès. Josèphe (Antiq. II. ix. 6) explique ce nom par l’égypt. , eau, et ushé, sauvé, étymologie très vraisemblable, admise encore par la plupart des interprètes. Cependant plusieurs égyptologues modernes font venir Moïse de l’égypt. mes, enfant, dont la racine verbale signifie produire, extraire.
  4. 15. Il s’assit près du puits (avec l’article), comme fait, en Orient, le voyageur qui désire passer la nuit dans un village : il va, vers le soir, s’asseoir près du puits, sûr que, parmi les habitants qui s’y rendent à cette heure, quelqu’un lui offrira l’hospitalité.