Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/644

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20“Le méchant, durant tous ses jours, est rongé par l’angoisse ;[1] un petit nombre d’années sont réservées à l’oppresseur. 21Des bruits effrayants retentissent à ses oreilles ; au sein de la paix, le dévastateur fond sur lui. 22Il n’espère pas échapper aux ténèbres, il sent qu’il est guetté pour le glaive. 23Il erre pour chercher son pain ; il sait que le jour des ténèbres est prêt, à ses côtés. 24La détresse et l’angoisse tombent sur lui ; elles l’assaillent comme un roi armé pour le combat. 25Car il a levé sa main contre Dieu, il a bravé le Tout-Puissant, 26il a couru sur lui le cou raide, sous le dos épais de ses boucliers. 27Il avait le visage couvert de graisse, et les flancs chargés d’embonpoint. 28Il occupait des villes qui ne sont plus, des maisons qui n’ont plus d’habitants, vouées à devenir des monceaux de pierre. 29Il ne s’enrichira plus, sa fortune ne tiendra pas, ses possessions ne s’étendront plus sur la terre. 30Il n’échappera pas aux ténèbres ; la flamme desséchera ses rejetons, et il sera emporté par le souffle de la bouche de Dieu. 31Qu’il n’espère rien du mensonge, il y sera pris ; le mensonge sera sa récompense. 32Elle arrivera[2] avant que ses jours soient pleins, et son rameau ne verdira plus. 33Il secouera, comme la vigne, son fruit à peine éclos ; il laissera tomber sa fleur, comme l’olivier. 34Car la maison de l’impie est stérile, et le feu dévore la tente du juge corrompu. 35Il a conçu le mal, et il enfante le malheur, dans son sein mûrit un fruit de déception.”


2. Chap. xvi, 1 — xvii, 16 : Réponse de Job.Vanité des paroles de ses amis (xvi, 1-5), auxquels Dieu l’a livré, bien que connaissant son innocence (xvi, 6-17). Il s’en remet à Dieu, persuadé qu’il interviendra en sa faveur (xvi, 18 — xvii, 1). Dieu ne peut prendre le parti des méchants (xvii, 2-9). Job revient aux sombres perspectives de la mort (xvii, 10-16).

Alors Job prit la parole et dit :

2J’ai souvent entendu de semblables harangues ; vous êtes tous d’insupportables consolateurs. 3Quand finiront ces vains discours ? Quel aiguillon t’excite à répliquer ? 4Moi aussi, je saurais parler comme vous, si vous étiez à ma place ; j’arrangerais de beaux discours à votre adresse, je secouerais la tête sur vous ;[3] 5je vous encouragerais de la bouche, et vous auriez pour soulagement l’agitation de mes lèvres.

6Si je parle, ma douleur n’est pas adoucie ; si je me tais, en est-elle soulagée ?[4] 7Aujourd’hui, hélas ! Dieu a épuisé mes forces… ô Dieu, tu as moissonné tous mes proches. 8Tu me garrottes… c’est un témoignage contre moi !…

  1. 20. Est rongé par l’angoisse ; Vulg., s’enorgueillit. — Un petit nombre, lit t. un nombre déterminé.
  2. 32. Elle arrivera, litt. elle sera accomplie. — Son rameau ; Vulg., sa main se desséchera.
  3. XVI, 4. Dans la Vulg., le vers. 4 en forme deux, en sorte qu’à partir du vers. 5, la Vulg. est en avant d’un vers, sur l’hébreu.
  4. 6. En est-elle soulagée, m. à m. qu’est-ce qui s’en va de moi.