Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/645

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ma maigreur se lève contre moi, en face elle m’accuse. 9Sa colère me déchire et me poursuit, il grince des dents contre moi ; mon ennemi darde sur moi ses regards. 10Ils ouvrent leur bouche pour me dévorer, ils me frappent la joue avec outrage, ils se liguent tous ensemble pour me perdre. 11Dieu m’a livré au pervers, il m’a jeté entre les mains des méchants. 12J’étais en paix, et il m’a secoué, il m’a saisi par la nuque, et il m’a brisé. Il m’a posé en but à ses traits, 13ses flèches volent autour de moi ; il perce mes flancs sans pitié, il répand mes entrailles sur la terre ; 14il me fait brèche sur brèche, il fond sur moi comme un géant. 15J’ai cousu un sac sur ma peau, et j’ai roulé mon front dans la poussière. 16Mon visage est tout rouge de larmes, et l’ombre de la mort s’étend sur mes paupières, 17quoiqu’il n’y ait pas d’iniquités dans mes mains, et que ma prière soit pure.

18Ô terre, ne couvre point mon sang, et que mes cris s’élèvent librement ! 19À cette heure même, voici que j’ai mon témoin dans le ciel, mon défenseur dans les hauts lieux. 20Mes amis se moquent de moi, c’est vers Dieu que pleurent mes yeux. 21Qu’il juge lui-même entre Dieu et l’homme, entre le fils de l’homme et son semblable ! 22Car les années qui me sont comptés s’écoulent, et j’entre dans un sentier d’où je ne reviendrai pas.[1]


Mon souffle s’épuise, mes jours s’éteignent, il ne me reste plus que le tombeau.[2]

2Je suis environné de moqueurs, mon œil veille au milieu de leurs outrages. 3O Dieu, fais-toi auprès de toi-même ma caution : quel autre voudrait me frapper dans la main ? 4Car tu as fermé leur cœur à la sagesse ; ne permets donc pas qu’ils s’élèvent. 5Tel invite ses amis au partage, quand défaillent les yeux de ses enfants. 6Il a fait de moi la risée des peuples ; je suis l’homme à qui l’on crache au visage. 7Mon œil est voilé par le chagrin, et tous mes membres ne sont plus qu’une ombre. 8Les hommes droits en sont stupéfaits, et l’innocent s’irrite contre l’impie. 9Le juste néanmoins demeure ferme dans sa voie, et qui a les mains pures redouble de courage.

10Mais vous tous, revenez, venez donc ; ne trouverai-je pas un sage parmi vous ? 11Mes jours sont écoulés, mes projets anéantis, ces projets que caressait mon cœur. 12De la nuit ils font le jour ;

  1. 28. Le sang que n’absorbait pas la terre criait, comme celui d’Abel, vengeance vers le ciel, Job estime que, même s’il mourrait, Dieu lui rendrait témoignage. — Et que mes cris s’élèvent librement, m. à m. et qu’il n’y ait pas de lieu fixé pour mes cris.
  2. XVII, 1. Il ne me reste plus que le tombeau. M. à m. des tombeaux à moi.