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Page:La Société nouvelle, année 12, tome 1, 1896.djvu/756

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tration municipale a souvent recours à lui. La ville lui a confié le soin d’exproprier des immeubles à démolir ou à transformer. Ajoutez que Geddes est un artiste, qu’il a le sens du décor en grand. Il sait garder le pittoresque des anciennes constructions et même il le développe, grâce à des gazons et parterres, par de judicieux ornements, des fresques et sculptures. Il fait mieux et meilleur marché que tout le monde, réalise de notables économies sur les frais de justice et de comptabilité, supprime les traités officiels, les stipulations notariées par un livre de comptes qui fait autorité en justice. Le Doit et l’Avoir donnent le détail des transactions, racontent tout ce qu’il est utile de savoir. Jusqu’à présent, on n’a eu aucune dispute avec les dix architectes ou entrepreneurs, ni le moindre bout de procès avec les cinquante propriétaires d’immeubles. On a eu de rares, de rarissimes désagréments avec tel ou tel, mais on en a été quitte sans querelle et l’on s’arrangeait ensuite à laisser ces gens tranquilles, on s’adressait à d’autres. Le monde est grand.

Pour ce qui en est de l’œuvre déjà accomplie, quatre cents jeunes gens sont logés dans les nouveaux bâtiments, où ils ont trouvé demeure spacieuse et largement éclairée, fournie des accommodations hygiéniques. Dans l’University-Hall les réfectoires sont communs ; dans les salles d’études et de discussion les jeunes gens vivent en bonne et fraternelle camaraderie, en une affection mutuelle que l’on ne trouverait pas dans les communautés religieuses. Les étudiantes se sont organisées en une société quasi libertaire.

Encouragé par le succès, le milieu Geddes rêve mieux encore, projette une abbaye de Thélème ; d’énormes bâtisses, qui jusque-là n’ont guère servi qu’à des expositions banales, doivent être transformées en institut d’histoire et de géographie, avec salles de conférences aux étages supérieurs, ateliers et musées dans les parties hautes, lesquelles dominent l’immense étendue de la ville et de la campagne, ont vue jusqu’au merveilleux pont de la Forth.

Et d’autres projets vont leur train : une bibliothèque, des laboratoires, et pour ne pas toujours faire de l’instruction, rien que l’instruction, il faudrait, pour un public plus large et moins exclusivement universitaire, de la musique et du théâtre. On voudrait fonder la Maison des Artistes, puis celle des auteurs unis, devenant leurs propres éditeurs et imprimeurs. On pense encore pour plus tard — mais pas si tard que les calendes grecques — à des maisons de campagne pour les convalescents, à des lieux de repos et de villégiature. Mieux que ça, on étudie la création de jardins où l’on pratiquerait la culture intensive, où dans un milieu resté intellectuel les hommes travailleraient aussi de leurs mains, approvisionneraient de fruits et légumes, même de céréales, les associations de High Street.