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guider dans notre campagne, et tu peux t’imaginer que je ne veux pas perdre cette occasion. Ainsi tu feras mieux de prendre la barquette tout de suite. Mais, dans tous les cas, tu n’en jouiras pas longtemps, puisque je dois aller dans les champs de foin dans quelques jours. »

Le nouveau venu se frottait les mains avec joie ; mais se tournant vers moi, il disait d’une voix amicale :

« Voisin, vous deux, vous et l’ami Dick, êtes heureux car vous aurez du beau temps aujourd’hui, comme moi aussi, du reste. Mais vous feriez mieux maintenant d’entrer avec moi tous deux et prendre quelque chose à manger, de peur que vos amusements vous fassent oublier votre dîner. Je suppose que vous êtes arrivé dans la Maison des hôtes après que j’étais couché la nuit dernière ? »

J’inclinais la tête, ne me souciant pas d’entrer dans une longue explication qui n’aurait abouti à rien, et dans laquelle, en vérité, j’aurais commencé à douter maintenant de moi-même. Et tous les trois nous nous dirigeâmes vers la Maison des hôtes.


CHAPITRE III

La Maison des hôtes et un déjeuner.


Je restais un peu en arrière pour jeter un regard sur cette maison qui, comme je vous ai dit, s’élevait sur la place de mon ancienne demeure.

C’était une bâtisse allongée avec les sommets de son pignon en retrait du chemin, et de longues fenêtres descendant un peu bas placées dans le mur en face de nous.

Elle était très joliment bâtie avec des briques rouges et un toit en plomb ; en haut, au-dessus des fenêtres, courait une frise avec des figures en terre cuite, très bien exécutées et dessinées avec une vigueur et une netteté que je n’avais jamais observées dans aucun travail semblable auparavant. Je reconnus tout de suite les sujets et fus familier avec eux.

Cependant, je remarquais tout ceci en une minute ; car nous fûmes bientôt à l’intérieur et pénétrâmes dans un hall pavé de marbre en mosaïque et surmonté d’un plafond ouvert en bois. Il n’y avait pas de fenêtres du côté opposé à la rivière, mais des arcades en bas conduisaient dans les chambres ; par une de ces arcades on entrevoyait un jardin dans le lointain, et au-dessus de celles-ci s’élevait un long espace de mur gaiement peint en fresques, je crois, avec des sujets semblables à ceux qui formaient la frise de l’extérieur ; toutes ces choses étaient jolies et exécutées avec des matériaux très solides ; et quoique ce ne fût pas très grand (tant soit peu plus petit que Crosby-Hall peut-être), on avait là la sensation délicieuse