Page:La Société nouvelle, année 8, tome 1, 1892.djvu/787

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affaires, comme on l’appelait à la fin du XIXe siècle, et qui fut reconnu plus tard comme étant un marécage d’escrocs. Voyez-vous, ces maisons, quoiqu’elles fussent bâties d’une façon hideusement compacte, étaient spacieuses, de très solide construction et propres, parce qu’elles n’étaient pas employées pour y vivre, mais seulement comme des baraques d’agiotage ; donc, les pauvres gens des « cloaques » démolis les prirent comme habitation et y vécurent jusqu’à ce que les gens de ces jours-là eussent le temps de penser à bâtir quelque chose de mieux pour eux ; ainsi, ces bâtiments furent démolis si graduellement que les gens avaient pris l’habitude de vivre là plus près les uns des autres qu’ailleurs ; voilà la cause que c’est la partie la plus populeuse de Londres et même de toute cette île. Mais il y fait très agréable à cause de la splendeur de l’architecture, qui est plus complète que ce que vous verrez ailleurs. Cependant, cet encombrement, si cela peut être appelé ainsi, s’arrête à une rue nommée Aldgate, un nom que vous avez peut-être déjà entendu. Après cela les maisons sont éparpillées au loin parmi les prairies ; celles-ci sont très belles, surtout si vous allez jusqu’à la charmante rivière Lea (où le vieil Isaak Wallon avait l’habitude de pêcher, vous savez), près des contrées nommées Stratford et Oldford, des noms dont vous n’avez naturellement jamais entendu parler, quoiqu’il y ait eu une époque où les Romains ont occupé ces lieux. »


Pas entendu parler, pensais-je en moi-même. Comme c’est étrange que moi qui avais vu disparaître les derniers vestiges de ces prairies situées près de la Lea, que moi je dusses en entendre parler, comme ayant retrouvé entièrement leur ancien charme.


Hammond continua : « Quand vous descendez du côté de la Tamise, vous arrivez aux docks, ce sont des travaux du XIXe siècle, et ils sont encore employés, mais ils ne sont plus si fréquentés depuis que nous décourageons la centralisation autant que nous pouvons et que nous n’avons plus la prétention d’être le marché du monde. Près de ces docks s’élèvent quelques maisons qui ne sont pas habitées d’une façon continue, je veux dire que ceux qui s’en servent n’y restent que de temps en temps, l’endroit étant trop bas et trop marécageux pour pouvoir être un séjour agréable.


Passé les docks, vers l’est et vers les terres, s’étendent des pâturages plats : jadis il y avait là des marais, quelques jardins ; seulement, on y rencontre très peu de demeures permanentes : à peine quelques huttes et des cabanes pour les hommes qui viennent garder les grands troupeaux de bétail qui paissent là. Cependant, il n’est pas à dédaigner d’être au milieu des animaux et des hommes et des toits rouges, le tout dispersé ici et là, et parmi les grosses meules de foin. Ce ne sont pas des vacances désagréables que d’aller, monté sur un poney tranquille, pendant une après-midi d’automne enso