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CHAPITRE PREMIER
ÉLOGE DE LA PENSÉE DE BODHI[1]

1) Devant les Bouddhas, devant leurs fils [les Bodhisattvas], devant le corps de la Loi, je me prosterne avec un respect profond, et devant tous les amis spirituels[2] ; car je vais exposer le chemin de la vie religieuse des [bodhisat-

  1. La pensée de Bodhi, bodhicitta, est la pensée de devenir Bouddha pour le salut des créatures.
  2. Comme il convient, le livre débute par l’hommage au « triple joyau » ou aux « trois perles », c’est-à-dire, dans l’ancien Bouddhisme, le Bouddha (Çâkyamuni), la Loi prêchée par lui (Dharma) et la Communauté de ses moines (Saṁgha). Ici, conformément aux doctrines du Grand Véhicule, nous avons 1. Les Bouddhas, désignés sous le titre de Sugatas, = « les bien partis » ou « les bien arrivés », c’est-à-dire « ceux qui sont sortis du monde du devenir pour entrer dans le nirvana », ou bien « qui connaissent la vérité », « qui sont partis pour ne plus revenir, » « qui ont dépouillé toute incapacité du corps, de la voix ou de l’esprit. » Ces définitions ont pour but d’établir, à tous les points de vue, une différence essentielle entre les Bouddhas et tous les autres êtres. 2. Les fils des Bouddhas, c’est-à-dire α. les Bodhisattvas qui ont atteint un « stade », une « terre », fut-ce la première, dans la carrière de futur Bouddha (par opposition aux futurs Bouddhas, bodhisattvas, qui ne sont pas encore entrés dans la carrière, ou ne font qu’y débuter ; voir ci-dessous I 15-16 et II. 22.) ; β. tous les « dignes de vénération » c’est-à-dire « les maîtres de discipline ou de doctrine, etc. » Il faut entendre « tous les amis spirituels ». 3. Le « corps de la Loi », c’est-à-dire, ou bien l’ensemble de l’écriture, ou bien le « corps de la Loi des Bouddhas », par opposition à leur corps visible sur cette terre, à leur corps béatifié dans le paradis. Ce corps est la sagesse incréée qui constitue l’essence de tous les Bouddhas ; et la Loi prêchée par les Bouddhas n’est que l’expression intellectuelle ou verbale de cette sagesse.

    Le commentateur justifie l’ordre insolite de l’hommage : la Communauté précède la Loi parce que les Bodhisattvas possèdent la loi comme la possèdent les Bouddhas, (Voir II, 1.)