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extérieur (bahirdhā ca nāmarūpam) font deux et en raison de ces deux le contact et les six āyatanas « (voir JRAS. 1905, p. 402), passage presque isolé dans la littérature, et où le monde extérieur reçoit le nom de nāmarūpa : ce nom vise peut-être le double caractère des choses connues en vertu du contact, leur réalité physique, leur intelligibilité ?[1]


5. Ṣaḍāyatana[2], les six organes des sens.

1. Āyatana signifie siège, lieu de production, cause, et aussi domaine.

a) cakṣurāyatana = le siège de l’œil, de ce qui est vraiment l’œil, c’est-à-dire le siège de la faculté visuelle ; l’organe de la vision ou de l’œil, cakṣurindriya. On dit aussi sparśāyatana, cakṣuḥsparśāyatana (Aṅg., i, 176, Saṃ., v, 43, 70, etc.) : « le lieu où se produit le contact » qui produit la connaissance[3].

b) cakṣurāyatana peut signifier le domaine de l’œil, l’objet visible qui est atteint par l’œil, et qui lui appartient. C’est ce qu’on appelle aussi rūpāyatana, les quatre couleurs et les huit formes des objets, — Aux six organes des sens (œil, ouïe, odorat, goût, toucher, manas), qu’on appellera « āyatanas internes » (ādhyātmika), il faut ajouter les six « āyatanas externes » (bāhya), les objets des organes (Saṃ., iv, 175), c’est-à-dire le « nāmarūpa extérieur « de Saṃ., ii, 24.

2. Il faut distinguer, avec la scolastique, avec la philosophie Sāṃkhya[4], l’œil visible, l’œil de chair (māṃsapiṇḍa = cakṣuradhisthāna), et l’œil-organe, āyatana, le vrai œil (paramarthendriya), l’œil-porte (dvāra) : matériel (rūpin), mais subtil (rūpaprasāda), invisible, susceptible de heurt (sapraṭigha)[5] ; il est

  1. Voir Dīgha, ii, 62 cité ci-dessous p. 19, et références. — Il est plus simple de parler de « rūpa extérieur «. Madhyamakavṛtti, p. 118, n. 6.
  2. On relèvera les étymologies de āyatana, Sumaṅgalavilāsinī, i, p. 124 et Madhyamakavṛtti, 552. — Voir ce dernier texte, p. 16, Mahāvyutpatti, § 106, Dharmasaṃgraha, § 24.
  3. sparśasya caitasikasyāśraya ity arthaḥ (Abhidharmakośav.).
  4. Sāṃkhyasūtras, ii, 23, traduction de R. Garbe ; voir Garbe Die Sāṃkhya-Philosophie, p. 258.
  5. Définition de l’Abhidharma sanscrit : cakṣuḥ katamaḥ ? yo rûpaprasādaś cakṣur­vijñānasyāśraya iti. — C’est l’œil interne de Majjh.