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s’applique, non seulement à l’être humain, spirituel et physique (pratîtyasamutpàda « interne »), mais encore à l’ensemble des choses : cette notion est très nette dans Nettipakarana, p. 78. La scolastique, s’exprimant en forme de Sûtras (par exemple Sâlistambasûtra et Lankâvatâra), définit le Pratîtyasamutpâda « externe » (bâhya) sous le double aspect hetus et pratyayas. Le meilleur type est fourni par la plante.

Les pratyayas sont les dhàtus : au développement de la graine (bîja) concourent la terre qui la porte (samdhârana), l’eau qui l’humecte, le feu qui la mûrit, le vent qui l’enfle (abhinirharana ?), la saison (ou le temps, rtu)[1], qui la fait évoluer (parinàmanâ). Quant aux hetus, ou moments successifs, on a : graine, pousse, feuille, tige, bouton, fleur, fruit (qui est graine)[2].

La comparaison des deux Pratïtyasamutpâdas, interne et externe, est instructive ; on n’a pas manqué, comme nous avons vu, de remarquer l’enseignement qu’elle contient. Si l’homme est une plante, le vijnàna est la graine, et on n’est pas en peine d’attribuer à des facteurs moraux, soif, etc., une action analogue à celle que l’eau, etc., exercent sur la graine[3].


  1. L’élément « saison » (rtu) est mentionné dans Visuddhimagga, JPTS., 1893, p. 144.
  2. Dans Lànkâvatâra, p. 85 (Calcutta, 1900) le Pratîtyasamutpâda externe est illustré par la cruche (dont les pratyayas sont : terre, bâton, roue, corde, eau, effort humain), par l’étoffe (fils), la pousse (graine), le beurre (lait).
  3. Cf. Warren, p. 242.