Cepandant plusieurs sources font du samanantara, non pas la destruction du citta qui précède le citta qu’il faut expliquer, mais le citta antécédent lui-même : « en tant qu’image bleue, la pensée qui est une représentation de bleu résulte du bleu, cause en qualité de fondement objectif (ālambana) ; en tant que notion intellectuelle bodharūpatā), elle résulte d’une connaissance antérieure (prācīnajñāna) cause en qualité d’antécédent immédiat…. »[1]
Est-ce à dire que des pensées semblables se suivent immédiatement ? Non, évidemment. Une pensée « passionnée », (kliṣṭa) ancienne est considérée comme la cause immédiate d’une autre pensée « passionnée », quand bien même il y aurait, dans l’intervalle, des pensées non passionnées[2].
Les Vaibhāṣikas distinguent six espèces de causes (ṣaḍ hetavaḥ, ṣaḍvidho hetuḥ) qui ne sont énumérées dans aucun sūtra existant : le sūtra a disparu (antarhitaṃ tat sūtram iti) ; mais elles sont suffisamment spécifiées dans l’Écriture (santi pratiniyatahetuvācakāni sūtrāni). — On a :
1. kāraṇahetu, cause efficiente, cause en général, ce qui produit (nirvartaka) par le fait de « ne pas être empêchement à la naissance « (jananāvighnabhāva). — Exemple : l’objet et les autres causes de la connaissance visuelle ;
2. sahabhūhetu, causes concurrentes, les trois éléments du chemin qui accompagnent la vue correcte (samyagdṛṣṭi) et concourent au même but.
3. sabhāgahetu, causes de même nature : la racine de mérite (kuśalamūla) cause d’une nouvelle racine de mérite. [De même
- ↑ Sarvadarśanasamgraha, (Bibl. Ind.) p. 20 ; voir la trad. dans Muséon et les références Bhāmati, 2, 2, 21 ; Vivaraṇapr. 34 ; Nyāyabindu, 13 et 18.
- ↑ L’Abhidharmakośavyākhyā dit que le samanantara est « pensée ou succédané de pensée » et donne « espace », « occasion » à la naissance du vijñāna en cause. Il porte ce nom parce qu’il est à la fois anantara et sama (samāna), immédiat et semblable). Burn. Fol. 13 b : samanantarapratyayo hi tadānīṃ cittacaittalakṣaṇa ekasyaiva tasya nīlavijñānasyotpattāv avakāśaṃ dadāti, netareṣāṃ nīlāntarādivijñānānām.