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Ce n’est pas Giovanni qui m’a raconté ces succès ; mais hier, en allant le chercher, frère Ambroise me prit à part, et m’apprit le plaisir qu’il avait procuré au duc et à sa famille. Pour ton fils, la belle demoiselle occupe : il ne voit qu’elle ; je suis sûre qu’il est allé pour la voir partir, car le duc donne une fête à sa villa.

— Tu te trompes, Ninetta ; voilà Giovanni qui arrive en courant.

— La voilà ; c’est elle, dit ce dernier en entrant avec précipitation ; regardez donc ! si c’était ici qu’elle viendrait pour moi, oh ! que je serais heureux ! Ludovic et Ninetta ne comprenaient rien à ces paroles incohérentes, lorsqu’une jeune fille et sa suivante s’arrêtèrent à leur porte. Giovanni était ivre de joie : c’était Cécilia.

— Je vous dérange sans doute, signor et signora, dit la jeune fille avec-une grâce charmante ; mais, comme nous avons une fête à notre villa, papa vous prie de permettre à Giovanni de venir avec nous.

Ninetta regarda son enfant et lui dit : Veux-tu aller, Giovanni ?

L’enfant baissa la tête avec timidité ; il avait rencontré le regard de Cécilia, qui semblait lui dire : Seriez-vous capricieux ? car elle reprit :

Vous avez peut-être une partie de plaisir plus agréable ; je ne veux pas insister.

L’enfant comprit le reproche et s’écria hors de lui :

— Oh non, signora, je serais bien heureux !

— Signora, Giovanni est confus de l’honneur que vous lui faites, reprit Ludovic en s’inclinant gravement devant la fille du duc de Manfredonnia ; il était loin de s’attendre à l’agréable surprise que vous lui ménagiez. Allons, Giovanni, profite de l’aimable invitation de monseigneur, et rends-toi digne de ses bontés.

Les enfants n’attendirent pas la fin du beau discours, et sans