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été se faire admirer aux promenades de Longchamps ; et de là s’élançant dans la province, où bien des jeunes filles et de belles dames les attendaient, les capotes à la duchesse, ornées de ruches, les charmans chapeaux de paille garnis et doublés de rubans écossais, sont venus embellir nos jeunes beautés. À cela, joignez les robes en foulards écossais, garnies de rubans du même genre avec bouillonnés et ceintures cousues ; des mentilles écossaises, et vous saurez quelles sont les toilettes que portent les belles parisiennes.

Si la belle saison a donné naissance à toutes les capricieuses fantaisies du bon ton, l’inspiration littéraire n’a pas été féconde, La critique cependant a examiné la Fille du Cid, de Casimir Delavigne. Le talent de l’auteur ne l’a pas mis à l’abri de reproches assez vifs, sur ce qu’on appelait sa témérité. « Je ne pense pas qu’on veuille reconstruire l’empire sans le grand Empereur, disait dernièrement M. Thiers. » On peut dire aussi : « Je ne pense pas qu’on puisse refaire le Cid après le grand Corneille. » Des romans de MM. Soulié, Eugène Sue, alimentent les cabinets de lecture. Ce que nous avons lu des Fanatiques des Cévennes nous paraît attachant, mais encore une fois, malgré les nombreuses pages du feuilleton, rien de bien remarquable n’a été produit.

Si, continuant ce rapide examen, nous arrivons à la musique, les Martyrs de Donizetti se présentent aussi. C’était le début de l’auteur de Lucia à l’Académie royale, et pour juger une partition, il faut l’entendre. Cependant plusieurs journaux en ont parlé avec éloge. La Perruche, musique de Clapisson, vient aussi d’être représentée au Théâtre de la Bourse. Le talent de son auteur garantit presque le mérite de cette œnvre. Les romances en la, si bémol, et même en mi, grand dièse, comme disaient nos bons aïeux, ne font pas défaut ; mais entre toutes ces productions légères, celles dues à Grizar, Labarre, Cheret, Monpou et Latour conservent toujours la popularité. Nous avons été à même d’apprécier la sensibilité, le goût exquis de ce dernier, et nous éprouvons un véritable bonheur en voyant ses succès dans notre ville, car lui aussi est un breton.