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LE RÊVE DE MYSÈS

ses visites sacrées, l’attendait au sortir de l’enceinte redoutable. Elle s’asseyait sur un tombeau en construction, près des colosses de granit, adossés contre les murs, des obélisques et des pylônes que les derniers rayons du soleil teintaient de rose.

Les immenses sphinx, aux paupières vides, l’impressionnaient vaguement.

De grands oiseaux aquatiques passaient au-dessus d’elle dans l’azur éblouissant, paraissant nager dans une onde endormie, une mer morte d’une infinie douceur.

D’autres oiseaux lointains mêlaient leurs plaintes, leurs chansons mélancoliques, et un grand désir d’amour faisait défaillir la jeune fille qui appelait le bien-aimé.

Son sacerdoce accompli, Mysès venait la rejoindre à l’ombre des pierres géantes, sous la protection des génies mystérieux de la mort.

— Je suis à toi ! soupirait-elle, mon cher seigneur, mon maître !… Cache-toi derrière cette roche, car je vois passer, au loin, les prêtres d’Osiris. Et il s’abattait à ses côtés, épuisant la violence de sa torturante ivresse, savourant le frémissement des tendresses éperdues, s’enchaînant à elle par le lien ininterrompu des baisers, se fondant en sa chair pour un bonheur toujours nouveau.