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LES ANDROGYNES

— Alors, tout lui est permis ?… Eh bien, je saurais me venger toute seule !

Ninoche, dans une danse serpentine, se montrait, ce soir-là, au Tout-Paris des premières. Debout devant une glace que des jets électriques baignaient largement, elle se drapait dans une immense étoffe floconneuse, la faisait onduler sur des bâtonnets, cambrait les reins, se penchait, fantomatique et souple. Ce n’était plus une femme, mais une corolle gigantesque, ondulant au moindre souffle, tournant et retroussant ses pétales nacrés. Puis, la fleur devenait papillon, avec des ailes de pourpre éclairées par deux yeux d’or, dans une poussière de diamants.

L’habilleuse, empressée, fixait aux épaules le voile flottant, remontait le maillot de soie, qui avait glissé sur les cuisses, maîtrisait avec peine l’impatience fébrile de la danseuse.

Dans la loge, tendue de liberty mauve, des corbeilles fleuries, aux anses légères cravatées de rubans et de dentelles, mettaient une agonisante haleine.

Jules Laroche, l’amant du jour, disparaissait sous une jonchée de violettes de