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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/108

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LES ANDROGYNES

sement monté, avec un tas de petites femmes. Les loges resplendissaient, occupées par les étoiles de première et de deuxième grandeur de la galanterie. Ce n’étaient qu’ondoiements de perles, ruissellements de joyaux, si pressés qu’ils semblaient, de loin, emprisonner les bustes dans des carapaces de tortues prestigieuses. Les chairs offraient des tons lactés, les chevelures, savamment calamistrées, faisaient aux faces fiévreuses des auréoles d’or, de jaïet ou de cuivre. Comme il sied à des princesses de joie, les rires sonnaient impertinents, aigus ou rauques, selon l’âge ou la fatigue, — les débuts ayant été souvent pénibles et rebutants.

Et, ce qui frappait, tout d’abord, devant l’étalage de peaux et d’oripeaux, c’était la ressemblance qu’avaient entre elles toutes ces poupées peintes qui paraissaient sortir d’une grande fabrique de Nuremberg, — jouets pour vieux enfants vaniteux et naïfs.

Toutes montraient leurs dents de la même façon, dans une gaieté fébrile et factice, se faisaient onduler chez le même artiste capillaire, portaient des corsets