Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
LES ANDROGYNES

ou marbrées de rose, se paraient de robes voyantes, souvent défraîchies, et leurs cheveux, mal rattachés, révélaient de fréquentes stations dans les garnis hospitaliers des environs. Elles gardaient un air ennuyé, indifférent, ne s’approchaient que des hommes assis, sollicitaient un punch ou une menthe à l’eau qui leur tournait sur le cœur. Beaucoup n’avaient point dîné et redoutaient de ne pas souper. Sur le flot des liquides absorbés, il leur restait alors la ressource de mettre une vague charcuterie, tenue en réserve pour les soirs de chômage.

Les jeunes gens s’amusaient à les faire jaser, et, lorsqu’elles étaient deux, les invitaient ensemble, friands de leur intimité. C’étaient de gentils ménages où tout était en commun, les bonnes et les mauvaises aubaines, les baisers et les coups.

Certaines affichaient des airs masculins, portaient la cravate d’homme et les cheveux courts sous un feutre frondeur. Leur amie, plus petite, mince et alanguie, s’appuyait à leur bras, leur parlait d’une voix caresseuse, se frôlait à leur jupe. Et cette bonne entente, plus simulée que réelle,