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LES ANDROGYNES

de sorte que les fidèles desservantes, dont quelques-unes n’adornaient leur nudité liliale que d’un simple manteau fourré d’hermine… ou de lapin, pouvaient pénétrer discrètement sans réjouir les regards ni offenser la pudeur.

La morale publique qui n’eut, ce jour-là, aucun outrage à subir, s’en trouva fort morose et dépitée, — ainsi qu’il arrive à quelques personnes de vertu farouche, mais d’imagination vive, — tandis qu’on s’amusait ferme dans le petit hôtel hermétiquement clos du peintre féministe.

Lorsque Fiamette Silly laissa tomber nonchalamment la fastueuse mante de martre zibeline qui enveloppait sa beauté blonde, ce ne fut qu’un cri d’admiration.

Sur son corps, nacré comme celui de l’Anadyomène émergeant des ondes, rayonnait la frissonnante rosée d’un frêle collier de diamants que ses jeunes seins faisaient glisser dans leur flux et leur reflux voluptueux.

À la vérité, Fiamette ne possédait guère que son collier et sa zibeline, mais elle gardait la foi de ses dix-huit avrils et la