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LES ANDROGYNES

bonne humeur des créatures de joie qui, n’ayant plus rien à perdre, ont tout à gagner.

Le bal s’animait fort dans le grand atelier, fleuri d’une profusion de roses-thé, d’anémones et de mimosas que de délicats pistils électriques, dissimulés aux cœurs des gerbes, caressaient de fébricitantes lueurs. Les masques japonais, aux yeux et aux dents dorés, grimaçaient parmi les ivoires et les jades, sur la soie des tentures mikado. Les études de nu, empruntées aux adorables modèles qui se pressaient autour du Maître, paraissaient, par contre, un peu figées et ternes, n’étant point, comme les chefs-d’œuvre vivants de cette nuit de fête, animés du désir de la danse et des baisers.

— Moi, dit Ninoche, une belle fille qui pérorait dans un groupe d’élèves, les épaules butinées par des lèvres gourmandes, je pose en principe qu’on ne s’amuse réellement que chez Pascal.

— Tu crois ?

— Dame, il choisit les plus beaux modèles, et ne se montre pas exigeant comme bien des ratés qui le débinent !…