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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/151

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LES ANDROGYNES

à sa naissance : des souvenirs qu’un rien avait suffi à ressusciter et qui chantaient mystérieusement dans son âme.

Émus, les amants regardaient la petite branche ensoleillée où tremblaient des cabochons jaunes. Ils croyaient sentir des odeurs de renouveau et de pommiers fleuris derrière cette grappe lumineuse qui faisait comme un écran d’or à leurs baisers. Ils écoutaient chanter l’amour en eux et autour d’eux ; il leur semblait que l’afflux de la vie des plantes envahissait leurs veines comme une coulée de miel. Oh ! les noires heures de solitude ! Oh ! les nuits de doute et de joies funèbres dans les cabarets à la mode et les salles enfumées des théâtres à femmes !… L’âme de Fiamette, jadis, n’était certainement pas la même qu’en cette heure exquise ! C’était une morte couchée sous le suaire des frimas et des neiges, dans la désolation de tout ! Maintenant elle renaissait, n’ayant gardé de ce long sommeil qu’une fragilité passionnée et souffrante.

— Fiamette, je ne te quitterai plus.

Elle secoua la tête.

— Si je pouvais te croire !… Mais tu n’es