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LES ANDROGYNES

Princesse maléfique à l’étrange beauté,
Le maître qui te fit, à la fois blonde et brune,
Te jeta des baisers de soleil et de lune ;
Tu sembles, tour à tour, la nuit et la clarté.

L’on cherche le regret de ta divinité
Dans ton sombre regard que la vie importune,
Dans tes lèvres d’orgueil, d’amour et de rancune
Qui disent ta puissance et ta fragilité !

Symbole de désir, de volupté cruelle,
Femme, stryge, bacchante, enjôleuse éternelle !
Quelle est donc cette fleur, triste parmi les fleurs,

Dont tu veux respirer l’âme déjà lointaine,
Cette fleur angoissante où ruissellent des pleurs ?…
Vierge, ce lys de sang est une tête humaine !

— Après cela, je puis laisser mes pinceaux, s’écria Pascal. Ta Salomé est plus vivante que la mienne !

Fiamette, descendue de l’estrade, avait pris une cigarette, dans une coupe de jade couverte de divinités hindoues, et sa tête blonde s’ennuageait de blonde fumée.

— André m’a fait une promesse, dit-elle, mais je crains bien qu’il ne puisse la tenir.

— Il vous a promis de ne pas revoir Jacques ? dit l’artiste en souriant.