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LES ANDROGYNES

se laisser vivre, qu’à laisser couler les heures toutes limpides comme les grains d’un rosaire de cristal ?…

Et le flux ne tarissait pas de ces paroles douces qui chantent au cœur des poètes l’hymne éternel de résurrection !

Le beau roman de caresses recommença.

Toute l’occupation d’André, après son labeur, fut d’adorer Fiamette, et il eut l’illusion de l’aimer avec toute l’ardeur de la prime jeunesse. Elle n’avait plus de regards, elle ne semblait plus avoir de pensées que pour lui. Il la voyait en princesse tragique dans les flammes de ses pierreries, immobile, presque immatérielle sur l’estrade de velours pourpre, et elle n’était point seulement une femme, mais l’incarnation de son rêve. À travers les mailles de son gorgerin, il caressait les coupelles fraîches de ses seins, et, délicieusement, il mettait ses lèvres aux fossettes voluptueuses que découvrait le réseau d’or.

Souvent il l’emmenait dans son costume sidéral, pour la posséder ainsi, et les rimes lumineuses chantaient si follement dans sa