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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/170

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LES ANDROGYNES

autour de moi ne pourra jamais éteindre le feu sacré. Miette, pardonne à l’imprudent ?… je te jure de ne jamais revoir Chozelle. Ta patience, ta douceur ne s’exerceront pas en faveur d’un ingrat ; je sais que tu as sacrifié une fortune pour moi, — Nora m’a tout dit, — et je t’adore de m’aimer autant !

— Poète, murmurait-elle, en lui baisant les yeux, tu es sincère aujourd’hui et je suis joyeuse, mais Dieu sait où ta chimère t’emportera demain !… Tu es comme ces enfants qui construisent des palais dans le sable des plages ! Rien n’y manque, ni la vie opaline des méduses, ni le trésor nacré des coquillages, ni l’horizon ensoleillé. Les ouvriers s’installent, comme des monarques dans leur royaume, puis tout croule, balayé par le flot ! Mais je ne veux pas savoir ce que sera demain. Demain, c’est l’oubli, c’est la souffrance, c’est la mort ! Il faut jouir de l’heure présente, fermer les yeux et se boucher les oreilles. Demain, d’autres auront pris notre place et nous serons dans le passé… Étreins-moi bien, mon cher amant, et que nos âmes se lient comme nos corps pour la suprême extase !…