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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/171

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LES ANDROGYNES

— Dis-moi, Miette, que je pourrai toujours compter sur toi ?

— Sans doute, fit-elle, d’une voix hésitante ; mais il ne faut pas tenter la nature, et la douleur est bien près de la faute. Si tu me quittais encore, je ne sais ce que je ferais…

— Je ne te quitterai plus.

— Même si l’on te proposait des merveilles ?…

— Non. Et puis, j’ai confiance en moi. Je travaille avec une ardeur, une liberté que j’ignorais jusqu’à ce jour. Je dois réussir, car j’ai la volonté. Si je faiblissais, tu serais là pour me soutenir avec ton amour. Crois-tu qu’il y ait autre chose dans la vie que l’amour ?… Penses-tu que ce soit aisé de se faire aimer autant que l’on aime ?… Bien des hommes meurent inassouvis d’âme, parce qu’ils n’ont pu donner ce qu’ils avaient en eux de tendresse, en échange d’une tendresse égale. Souvent un être de délicatesse et de sensibilité reste ignoré, méconnu, sort vierge de toutes les étreintes, de toutes les voluptés. Ah ! quand le hasard réunit deux caresses et deux sentiments de même