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LES ANDROGYNES

Des domestiques s’empressaient, effarés, car la danseuse, qui ne s’était couchée que fort tard, après une nuit de fête, venait d’avoir une syncope.

Toute frêle, presque diaphane dans une mousse de dentelles et de linon, elle semblait ne plus avoir de vivant que ses grands yeux de braise sombre. Fiamette se précipita dans ses bras.

— Ma chérie !

— Ah ! oui, j’ai une drôle de mine, n’est-ce pas ?… Mais ce ne sera pas encore pour aujourd’hui.

— Tais-toi !

— Vois-tu, je suis tout nerfs ! Un vrai chat maigre qu’on ne peut pas arriver à détruire !… Quand je crois que c’est fini tout recommence… Cette nuit j’ai soupé…

— Tu as soupé !

— Et jamais je n’ai si follement ri… Trois femmes et trois hommes… On a raconté des histoires sur la bande que tu sais… Sous peu, tout ce joli monde sera compromis dans une vilaine affaire. Je te dis ça pour que ton André n’y retourne pas.

Fiamette eut un beau sourire de dédain.