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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/187

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LES ANDROGYNES

suivie par la voie caresseuse de la brise et le bourdonnement voluptueux des frelons. Au tournant des chemins, elle apercevait la campagne empourprée ou le mur d’un bâtiment de ferme, qui, s’encadrant dans une échappée, semblait combler le ciel. La solitude impressionnait sa pensée enfantine. Elle ne reprenait confiance que dans la cour de sa maisonnette où le chat familier et le chien de garde l’accueillaient tendrement.

Alors, heureuse de cette protection, elle s’étendait sous un acacia qui, refleurissant en automne, laissait tomber sur elle ses pétales floconneux. L’écorce centenaire de l’arbre avait la patine du métal et la rugosité d’une peau de bête. Sous ses paupières mi-closes, ses regards y cherchaient des formes fantastiques de dragons ou de chimères, des profils d’ogres et de génies maléfiques.

Parfois, elle s’asseyait au bord du puits, contemplait le trou d’ombre froide où luisait une onde morte. Derrière le petit jardin, s’élevait une colonnade régulière de grands pins d’Italie dressant la majesté de leurs nefs à jour ; et, à mesure qu’elle