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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/202

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LES ANDROGYNES

Des enfants passèrent, jetèrent des pétales de roses dans des coupes de champagne qu’ils présentèrent aux assistants. André d’un trait vida la sienne, en demanda encore, l’âme angoissée et torturée d’amour.

— Petit ami, observa Jacques, je constate que vous êtes dans d’excellentes dispositions. Vous verrez qu’on ne s’ennuie point ici.

Des fumeurs s’agitaient sur les divans. Les regards des hallucinés scintillaient ou mouraient, les prunelles d’extase remontaient dans la nacre de l’œil, et, des gorges haletantes, s’échappaient parfois des soupirs. Les poitrines, sous les chemises de soie molle, se gonflaient, les bras s’écartaient comme pour saisir les ombres du rêve. Quelques dormeurs, aux traits crispés par une mystérieuse épouvante, semblaient des êtres de cauchemar, les figurants épuisés de quelque ronde macabre.

Les flammes des cires roses vacillaient sous les souffles fébriles, et il sembla à André que les amours dorés s’agitaient sur leurs piédestaux. Mais c’était certainement une hallucination produite par les pre-