Aller au contenu

Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
213
LES ANDROGYNES

éprouvait un secret contentement. Il ne l’avouait pas, pourtant, redoutant le sourire sceptique de Pascal, ses consolations un peu humiliantes d’homme blasé sur les promesses et les déceptions du cœur.

— Vois-tu, disait l’artiste, celui qui aime est semblable au supplicié qui tourne sur cette roue. Chaque tour prévu ramène les mêmes tortures. L’amour est toujours pareil à lui-même, et il ne pardonne pas à ses victimes !

Il montrait, sur un char précédé de barbares, vêtus de peaux de bêtes, une énorme roue, armée de lames d’acier pour déchiqueter les corps. Tout autour gémissaient les condamnés chargés de chaînes. Deux souples jeunes filles agitaient, dans les flammes, les flammes de leur chevelure, et des têtes de vierges, fraîchement coupées, ouvraient au bout des piques d’or leurs yeux langoureux. Un Bouddha, à cheval sur une grenouille, terminait le cortège.

Pascal avait entraîné André au souper. Installé à côté d’une mignonne fillette d’une quinzaine d’années, il s’était effroyablement grisé, et ne savait de quelle façon il était