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LES ANDROGYNES

Il y avait là des bûchers hindous, entourés de bayadères aux langoutis de gaze, de pleureuses tragiques, de brahmes sacrificateurs.

Des maisons égyptiennes, des bateaux de fleurs, des guinguettes galantes, des palais byzantins, des grottes préhistoriques offraient des femmes de toutes les couleurs, également vendeuses de volupté.

Le Moloch de Salammbô se dressait dans un coin, gigantesque, terrifiant, et des bruits légers de baisers partaient des niches où les dieux de carton levaient leurs bras meurtris. Les prêtresses d’amour, toujours prêtes aux doux sacrifices, n’avaient d’ailleurs que leurs joyaux à déranger pour offrir leur chair aux caresses.

Un jeune homme, d’une beauté presque surnaturelle, conduisait le taureau phénicien, et les filles de joie lui jetaient des fleurs, mendiant un regard de ses yeux de velours fauve.

André ne pouvait s’empêcher d’admirer l’arrangement harmonieux de toutes choses, et si l’amoureux souffrait toujours, l’artiste, épris de belles formes et de beaux décors,