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LES ANDROGYNES

mêlé de pitié et de dégoût. Mais une sorte de curiosité maladive l’entraîna.

— Puisque tu es gentille, dit-il, mène-moi chez toi.

— Faut-il chercher Lucienne ?

— Non, toi seulement.

Elle bondit joyeusement, et marcha devant pour le guider dans les ruelles sordides.

Son petit jupon rouge collait sur ses hanches, et ses superbes cheveux rutilaient lorsqu’un jet de flamme les caressait au passage. De temps à autre, elle tournait la tête pour voir si son amoureux la suivait toujours, et, rassurée, elle montrait dans un éclat de rire ses dents de jeune chat.

— Je suis heureuse ! heureuse !

Ils montèrent un escalier abominable, où se confondaient tous les relents de misère, et pénétrèrent dans une chambrette sans feu et sans tapis, meublée, seulement, d’un grand lit tendu d’andrinople, de quelques chaises et d’une commode, avec l’indispensable cuvette, flanquée d’un savon et d’une fiole d’eau de Lubin.

— Tu vois, ce n’est pas beau, chez moi,