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LES ANDROGYNES

dit-elle, mais c’est tout ce que Charles m’a donné, et je n’ai jamais d’argent pour acheter des fleurs et d’autres jolies choses qui me feraient plaisir.

André prit une chaise, et la petite vint se frôler à ses jambes, l’embrassa, et, comme il restait songeur, s’assit sur ses genoux.

— Dis-moi pourquoi tu ne veux pas jouer avec moi, comme les autres ?…

Il regarda autour de lui.

— Nous sommes seuls, au moins ?…

— Oui, ils sont à boire chez le père Philippe.

— Charles et ta sœur ?…

— C’est toujours là qu’ils m’attendent. Ils ont dû nous voir passer…

— Ah !…

— Ils ne monteront pas, tu peux être tranquille.

André, le cœur serré, appuya sa joue à la joue de l’enfant et resta ainsi. Des larmes filtraient entre ses cils, et Zélie, gagnée par cette émotion, se mit à pleurer aussi, sur elle et sur lui, parce que c’était une bonne petite fille qui n’aurait point dû faire un tel métier.