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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/32

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LES ANDROGYNES

— La vie a ses nécessités.

— Tu me quittes ?…

Comme elle défaillait, toute blanche, il essaya d’atténuer l’impression douloureuse que ses paroles avaient produite sur sa maîtresse par une explication banale.

— Je ne te quitte pas… Je cherche à sortir de l’ornière, à me créer une situation… Ce n’est point à déclamer des vers dans les brasseries montmartroises que j’arriverai à me tirer d’affaire… Vrai, je suis las de tant de vains efforts !…

Il parlait avec volubilité, mal convaincu au fond.

— On t’offre quelque chose ? demanda Fiamette avec impatience.

— Oui… Oh ! je te verrai quand même, et ce sera bien meilleur… Seule, l’existence en commun est devenue impossible.

Elle essaya de mettre un peu d’ordre dans ses idées, de raisonner avec calme.

— Ta famille, sans doute !

— Non.

— Alors ?…

— Jacques Chozelle m’offre une place de secrétaire.