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LES ANDROGYNES

m’épargnerais si tu pouvais comprendre ma détresse d’âme !

Les lèvres d’André butinaient la chair blonde de sa maîtresse, et elle fermait les yeux, reconquise déjà, délicieusement émue sous ses caresses savantes.

— Ah ! dit-elle, je n’ai plus la force de te gronder. Chaque baiser cueille sur mes lèvres le reproche qui les brûlait et le change en mots d’amour !… Vois-tu, nous autres femmes, nous sommes perdues lorsque nous aimons !

Plus fort il la pressait contre lui, et elle se pelotonnait dans ses bras, toute frêle sous cette volonté mâle, heureuse de s’anéantir sur le cœur de son amant.

Longtemps il la dorlota, comme un enfant souffrant qu’il ne faut point faire pleurer, puis, par de spécieux raisonnements, il s’affermit dans sa résolution.

— Miette, écoute-moi avec courage.

— Encore !…

— Oui, il faut songer à l’avenir

— À quoi bon !… Profitons de l’heure présente. Ne sommes-nous pas heureux ainsi ?…