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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/42

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LES ANDROGYNES

— C’est tout ! Ne cherche pas, il n’y a rien au-dessus ! Ah ! j’ai connu la misère plus que toi, et les dédains des imbéciles, et les rebuffades des cuistres, et les propositions des beaux messieurs qui prétendaient me guider et vivre à mes dépens !… C’est ça qui donne une fière idée de l’autre sexe ! Voyons, ma petite Fiamette, réfléchis à l’occasion merveilleuse que je t’offre… Oui, j’ai l’air de jouer un rôle assez louche, mais tu me connais, tu sais que je suis incapable d’une mauvaise action et que je n’agis que dans ton intérêt ?

— Je sais.

— Alors, dis oui, et je cours porter la réponse à l’amoureux qui m’attend en bas…

— À ma porte ?

— Regarde !

Fiamette se pencha, curieuse, à son balcon, et aperçut un coupé bleu sombre attelé d’un cheval alezan, dont la robe brillait comme de l’or, et un cocher impeccablement empalé sur son siège.

— « Ta voiture ! » dit Nora, en riant. Vite, mets ta plus jolie robe, ta martre