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LES ANDROGYNES

Fiamette tressaillit douloureusement ; puis, essayant de prendre un ton enjoué :

— Alors, tu m’offres une situation étonnante…

— Petit hôtel, chevaux, domesticité correcte et le cœur d’un brave garçon qui vaut autant que sa fortune, ce qui est rare. Voyons, est-ce que cette guenille ne déshonore point ta jeune royauté ?

Nora, d’un doigt dédaigneux, découvrait un bout de sein rose sous une dentelle douteuse :

— À nous les points d’Angleterre, les Bruges veloutés et les guipures précieuses ! La femme, ma chérie, n’a que quinze années de son existence pour rouler et amasser mousse… Après, elle roule encore, mais elle n’amasse plus rien… Moi, au moins, je puis mourir tranquille et me faire dorloter comme si on m’aimait réellement… C’est l’Exposition qui m’a rapporté cela, la danse de Mahomet et du Moulin-Rouge !

— Ah ! tu marchais bien…

— Tant que je pouvais !…

— Tu as conquis l’indépendance ; certes, c’est quelque chose…