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LES ANDROGYNES

— Basse littérature, mon cher. L’initiation vous fera juger différemment. L’amour réel ne peut exister qu’entre deux êtres égaux, et j’entends par amour non seulement la griserie des sens, mais la communion adorable de deux âmes pareilles. Les Androgynes ont connu la plénitude du bonheur. Ne pouvant avoir comme eux le double appareil de génération, tâchons de posséder au moins au moral la force de fécondation et de création.

André sourit.

— Ne savez-vous pas, Maître, que les Androgynes étaient des êtres supérieurs, mais remplis d’orgueil ; qu’ils voulurent, comme les Titans, escalader l’Olympe, et que c’est Jupiter qui opéra, pour les punir, la séparation dont nous nous plaignons aujourd’hui. Ayant deux visages, quatre bras et quatre jambes, ils purent être coupés en deux sans difficulté. L’homme incomplet cherche éternellement sa moitié douloureuse, car l’univers est si grand qu’il a peu de chance de la trouver !

— L’homme, mon petit, doit tâcher de regagner son état primitif en se suffisant à lui-même.