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LES ANDROGYNES

— C’est la fin du monde !

— Tant mieux. Le monde tel qu’il est ne vaut pas une messe, et il peut bien s’éteindre dans l’impénitence, en admettant que le bien et le mal existent… Affaire d’appréciation… Voyons, lisez-moi autre chose que des chansons d’amour !

André choisit d’autres feuillets, met à nu son âme nostalgique de poète, et Jacques, en fumant du tabac plus pâle que les miettes dédorées des vraies hosties, l’écoute d’un air distrait.

Le jeune homme, son rouleau de papier entre les doigts, attend anxieusement le jugement que vont laisser tomber les lèvres autorisées du Maître. Son regard étonné erre sur les murs où s’étalent d’étonnantes peintures représentant de vagues fœtus qui nagent dans de l’alcool. Après un examen plus attentif, il s’aperçoit que ce sont des enfants-fleurs, des petits garçons hydrocéphales qui poussent des feuilles hors d’un vase à reflets glauques, penchent leur tête exsangue et monstrueuse comme une morbide corolle. À terre, sur des coussins, s’étalent des couleuvres et des salamandres