seule, le groupement des mots garde quelque importance. Soyez esthétique dans la forme ; l’idée fatigue les lecteurs, trouble les digestions.
— Mais l’esthétique change, tandis que l’idée demeure.
— Peuh !… Nos tableaux se démodent moins que nos écrits !… Faites votre palette, mon cher, avec des tons rares, des tons de végétaux vénéneux, d’herbes aquatiques et de méduses échouées. Ne craignez pas de tremper votre pinceau dans la putréfaction des eaux stagnantes et des chairs blettes… Relisez « La Charogne » du divin Baudelaire… Un chef-d’œuvre !
— Certes, mais il y a dans ce morceau mieux que des mots groupés comme des lombrics autour d’une racine poreuse.
— Je veux n’y voir que des mots et de l’horreur ; puisque vous désirez travailler avec moi, pénétrez-vous de mon essence morbide, de mon charme démoniaque, de mon étrangeté inquiétante…
— Je tâcherai… Voulez-vous écouter encore ce petit morceau, où il y a une image, je crois ?