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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/50

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LES ANDROGYNES

pustulées d’ocre et de cinabre, des lombrics-fleurs aussi, et André a envie de donner une chiquenaude au Maître, immobile sur son fauteuil, pour bien s’assurer qu’il n’est point également un flamboyant reptile endormi dans l’hallucination de ce marécage en chambre.

— Vous regardez mes études « de rêve ». C’est beau, n’est-ce pas ? On sent l’odeur « lancinante et câlineuse » des charniers devant ces têtes « violées » d’adolescents ! Et le grouillement figé de ces larves semble la caresse des corps décomposés sous l’onde lorsqu’on plonge parmi les nénuphars !… Oh ! les nénuphars verts et les iris noirs ! Oh !…

André est mal à l’aise ; il voudrait, cependant, dire quelque chose d’aimable ; mais Chozelle ne lui en laisse pas le temps. Il est lancé et parle abondamment de son talent, de son génie, de sa beauté et de sa santé chancelante.

— Vos petits vers, mon cher André, ne sont pas « artistes » : trop de sentiment, de clarté, d’émotion bourgeoise. Voyez-vous, il ne faut jamais essayer d’exprimer le sens des choses, ni votre état d’âme ; l’écriture,