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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/53

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LES ANDROGYNES

poitrine, ainsi que font les maquignons pour un poulain de race.

— Les épaules larges, la taille mince… Vous êtes mal habillé, mon cher, mais je devine, sous cet humble veston, des sinuosités exquises, un derme rare…

André, surpris, avait pâli légèrement.

— Oh ! dit Jacques, en riant, je veux que mon disciple me fasse honneur ; je suis artiste avant tout.

Le jeune homme jeta un regard découragé aux salamandres, dont les pustules éclataient sur les meubles, et aux fœtus-fleurs figés dans l’huile rance d’une peinture naïve, malgré ses prétentions.

Jacques, la moustache fine, les cils baissés sur ses yeux d’un bleu trouble, se pinça le bout de l’oreille pour le faire rougir.

— C’est un artiste de beaucoup d’intuitivité qui m’a fait ces études, d’après le Rêve…

— Ah !

— Un rêve d’opium qui dura une nuit entière, et nous tint tous sous ses griffes puissantes… Ah ! ce fut une angoisse et