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LES ANDROGYNES

contenta du geste, bien que le vin lui semblât appréciable.

Le dîner, délicatement ordonné et somptueusement servi, fut morose pour le jeune homme. Aucun abandon d’âme, aucune confiance affectueuse ne s’y remarquait. Chacun jouait un rôle, voulait témoigner son indépendance, sa supériorité intellectuelle, par des pensées et des actes inconnus du vulgaire — de la foule immonde. — Malheureusement, ces prétentions ne se réalisaient guère. Les idées désertaient ces cervelles amorphes, les conversations, en dépit du tarabiscotage des expressions, de la préciosité de l’allure, demeuraient d’une pénible banalité. Et, malgré tout, ces ennemis de la femme revenaient à la femme, invinciblement, en d’aigres remarques, de fielleux persiflages.

André songeait que ces injures, en la circonstance, constituaient un bien bel éloge.

Lorsque l’extra-dry pétilla dans les cervelles, en feux follets de gaietés blondes, le poète demanda l’autorisation de dire quelques vers, et il plaça ce sonnet dédié