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LES ANDROGYNES

passage obscur, l’aventure pouvait se parer d’un certain charme équivoque.

Chozelle, séance tenante, biffa des mots, ajouta des adjectifs rares, embrouilla quelques phrases trop claires et envoya au copiste.

— Mon ami, dit-il, je suis satisfait de ce premier travail. Vous continuerez dans ce sens, en tâchant qu’on me reconnaisse bien dans le personnage principal. L’intrigue importe peu, tout doit être dans le détail… Douze mille lignes environ. L’éditeur attend. Mais, pour demain, il me faudra un article.

— Quel sujet ?…

— Oh ! mon Dieu ! le théâtre. Vous parlerez du ballet qu’on va donner aux Folies-Perverses — mon ballet — et vous glisserez quelques rosseries sur Ninoche.

— Ninoche ?…

— Elle m’a déplu à la soirée de Pascal.

— C’est une bonne fille.

— Je n’aime pas les bonnes filles… Vous direz qu’elle est grotesque en scène, et, qu’à son âge, la retraite s’impose… Enfin, vous avez le choix des épithètes, pourvu qu’elles soient très rosses.