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SAPHO, DOMPTEUSE

en épluchant des écrevisses, du bout de ses doigts minces.

— Dans son tranquille égoïsme, elle se laissa faire, d’abord ; d’humeur égale, à la condition de ne jamais trouver de résistance dans l’accomplissement de sa volonté. Puis, peu à peu, elle se lassa de cette existence de tranquille bonheur et elle chercha des distractions plus relevées. Elle eut des amants, les introduisit chez moi, me bravant chaque jour davantage.

— Et pourquoi vous bravait-elle ?… Dans quel but ?… demanda encore Faustine, qui se versait une pleine coupe de vin mousseux pour faire passer les écrevisses effroyablement épicées.

— Tout petit, j’avais été très malade et je demeurais, comme aujourd’hui, sujet à des visions morbides, à des troubles cérébraux que les émotions violentes provoquaient. Ma femme espérait amener, devant témoins, un violent accès de colère pour me faire enfermer comme dément et jouir de ma fortune… Comprenez-vous ?…

— En effet, le moyen était bien imaginé, fit