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SAPHO, DOMPTEUSE

— La femme que j’épousai, et qui avait été d’abord ma maîtresse, poursuivit le comte de Sazy, usa de toutes les ruses de l’esprit, de tous les maléfices des sens pour engourdir ma raison, l’aveugler au point de me cacher son hypocrisie et sa bassesse. Ah ! la dangereuse créature !… Belle, certes, elle l’était autant que cette Sapho que vous admirez ; mais cette beauté même avait une perversité diabolique qui affolait le désir sans toucher le cœur. Elle était comme une de ces mystérieuses floraisons que les forêts cachent, en leur sein, et qui distillent la mort de leurs corolles superbes, violemment épanouies. Après mon mariage, cependant, je me sentis délivré d’une grande inquiétude. Je pensais pouvoir pénétrer les complexités de l’âme qui, désormais, devait palpiter auprès de moi dans une intimité de tous les instants… J’espérais pouvoir désarmer la destinée méchante et conquérir la reconnaissance de cette femme qui me devait tout.

— Et elle n’eut aucune gratitude de ce que vous aviez fait pour elle ? demanda Faustine,