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SAPHO, DOMPTEUSE

— Mirah n’a pas fait honneur à son repas, aujourd’hui. Certainement elle souffre autant que sa maîtresse… plus, peut-être, même, car elle n’a pas d’autre affection dans sa vie !

Melcy, par l’étroit couloir, avait conduit le jeune homme devant la loge qu’il connaissait bien.

— Peut-on entrer ? demanda-t-elle. Je t’amène un visiteur.

— Entrez, dit une voix faible, de l’intérieur.

Sapho était étendue parmi les coussins, très pâle et toute fiévreuse. Des linges ensanglantés recouvraient sa poitrine.

— Fatma m’a labouré le sein profondément, dit-elle, et, sans Mirah, ma bonne panthère, je crois bien que je ne serais plus de ce monde… Vous ne devez être qu’à demi satisfait, monsieur, votre pari est perdu ?…

— Pardonnez-moi ! balbutia Christian, je ne suis qu’un pauvre fou, bien digne de pitié, je vous assure. Mademoiselle Melcy plaidera ma cause, car elle connaît maintenant mon infortune.