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SAPHO, DOMPTEUSE

fauve, resta dans l’obscurité, en face de l’atroce péril invisible et frémissant. La lionne allait d’une muraille à l’autre, effarée, cherchant une issue. La femme, immobile, continuait ses objurgations, la voix douce et caressante. C’était comme une sorte d’envoûtement qui paralysait la bête, lui enlevait, peu à peu, ses tentations cruelles, ses désirs de révolte. Elle était surprise de n’être plus fouettée, cravachée, malmenée, et sa fureur s’apaisait, faisait place à une sorte d’engourdissement morbide.

Lorsque la porte se rouvrit, enfin, Fatma, enchaînée suivait la dompteuse, docile comme un chien, la mine contrite et l’oreille basse.

Cette aventure fit grand bruit. On admirait l’inconcevable audace de Sapho, et le public la fêtait quotidiennement dans toutes ses stations. Elle descendit jusqu’à Naples, remonta jusqu’au Piémont, de plus en plus acclamée par une foule idolâtre de son courage et de sa beauté.

Chaque soir sa loge s’emplissait de fleurs. Le roi d’Italie désira la voir de près et la féliciter. Des admirateurs fervents sollicitèrent l’hon-