C’était le refrain qui revenait après chaque couplet, câlin, impérieux, obsédant et qu’elle modulait en grande artiste de chant et de drame.
Tu m’offres des joyaux, des parfums, la richesse.
Tu m’offres ton amour, le pouvoir, les plaisirs.
Tu veux faire de moi ta puissante maîtresse,
Et je vois dans tes yeux passer tous les désirs !
Que me fait ton amour ? Tout homme me supplie,
Car je possède en moi les feux de l’Orient !…
Je veux, qu’à tout jamais, un grand crime nous lie,
Et je hais le baiser qui passe en souriant !
Oui, je veux, pour parer ma beauté souveraine,
L’épouvante du mal, qui torture et qui mord ;
Je veux un don royal, une existence humaine !
Je veux unir l’amour effroyable à la mort !
— Bravo ! bravo ! criait le public qui sentait passer, sur ses rangs, le souffle de l’art véritable, sincère et divin.
On lui redemandait chaque morceau, mais elle se métamorphosait toujours, variant ses incarnations, les pimentant de trouvailles ingénieuses, d’effets inédits.
Ce soir-là, transportée par l’émotion, l’angoisse, l’indignation, elle s’était vraiment surpassée ;